samedi 5 mai 2007

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Cette fois c’était la dernière ligne droite. Du moins, c’est ce qu’elle pensait et ce que tout le monde espérait. Et puis, il y avait A., il était venu aussi. Par la force des choses, tout comme elle. Mais au moins elle n’était pas seule. Il était souriant, comme à son habitude. Ils en avaient parlé de cette journée, se rassurant comme ils pouvaient. Elle, qui était par nature angoissée à l’idée de devoir raconter toute sa vie à des gens qu’elle ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, était plus que soulagée d’avoir A. à ses côtés. C’était évident pour eux, ils avaient commencé ensemble, ils finiraient ensemble. Ils avaient franchi tous les obstacles, même les plus durs.
Ils n’auront finalement pas eu le temps de se parler beaucoup. Séparés dès leur arrivée par les infirmiers. Elle est d’abord partie. A son retour, il n’était plus là. Elle observait les allers et venues des médecins et autres infirmières. Stressant.

Les examens étaient de plus en plus désagréables. Comme s’ils s’étaient tous mis d’accord pour que leur petite visite leur laisse un souvenir impérissable.
Elle était la, assise dans ce fauteuil raide, entièrement métallique. Une vraie chaise électrique. Ou un siège éjectable. Un truc pas cool quoi. A côté, de longs fils pendaient, accrochés à de barres, métalliques elles aussi. Elle ne pouvait plus parler. De toutes façons, aucun moyen d’ouvrir la bouche. Elle avait peur.

La photo était plongée dans l’eau bouillante. Trop peut être. Il fallait surveiller la température. De ce détail dépendait toute la suite. Cette fois l’eau était trop chaude. Beaucoup trop. L’émulsion se décolla, puis se déchira.
« Il est inapte CA. » Une infirmière venait d’entrer dans la pièce. Elle tourna la tête vers elle, c’est tout ce qu’elle était capable de faire. Sûrement était-elle ridicule avec toutes ces électrodes plantées sur le crâne. « Quoi ? » Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle avait entendu. Elle n’était même pas sure de ce qu’elle avait entendu, trop concentrée sur les ordres que l’infirmier lui donnait. « Le candidat CA, il est inapte ophtalmo. » Cette fois, elle n’avait pas rêvé. Comme si on lui avait annoncé que la Terre allait stopper ses petits tours sur elle-même. Enfin, non. On ne lui avait jamais annoncé une chose pareille, difficile de comparer.
Elle ne pouvait rien faire. Personne ne pouvait rien faire. Mais la vie ne s’arrêtait pas, c’était déjà ça.

Moins d’une heure plus tard, c‘était son tour. Pas rassurée, elle entra dans la pièce. Il faisait chaud. Dehors, la pluie tombait. Une sale journée.


Elle ne vit pas de suite que quelque chose n’allait pas. Peut être ne voulait-elle pas le voir. Elle aurait préféré ne jamais entendre cette phrase. Trop tard pour faire marche arrière. Un coup de tampon, une signature, et voila. En quelques secondes, tout avait basculé. Du mauvais côté.
Alors pour la rassurer, il lui dit avec un grand sourire « nous avons besoin de gens comme vous... ». Tout sur le papier semblait dire le contraire, et surtout un mot, en majuscules rouges : INAPTE.

1 commentaire:

Megane a dit…

nous avons presque une photo en commun..